C’est symptomatique de l’état de la vallée, elle est en grande partie oubliée par la communauté internationale et est rarement visitée.
Cet isolement sert l’objectif de l’Etat israélien qui est l’annexion et le nettoyage ethnique de la vallée.
De Ramallah, je suis parti pour la Vallée du Jourdain. L’atmosphère cosmopolite de Ramallah contraste fortement avec l’isolement rural de la vallée, située à 45 minutes de route. Il est impossible pour la plupart des Palestiniens d’aller dans la vallée. Seuls les Palestiniens qui y sont nés et qui y vivent possèdent une carte d’identité leur permettant de traverser le checkpoint. Les autres doivent demander une autorisation auprès de l’Administration Locale de l’armée (DCO). L’une de mes compagnons de voyage palestinien, une employée d’une ONG locale, a été retenue au checkpoint à l’entrée de la vallée tandis que les soldats vérifiaient son autorisation.
Alors que nous traversions la vallée pour aller en direction d’Al Jiftlik, nous avons vu les champs cultivés avec soin de chaque côté de la route, des milliers de Dunums de palmiers et de récoltes commerciales comme des tomates, des poivrons et des herbes. Une masse de serres s’étend le long de la route après la colonie illégale de Mekhora. Certaines des serres sont situées à côté des usines d’emballage appartenant à Carmel Agrexco.
Carmel Agrexco (www.agrexco.com) appartient pour 75% à l’Etat israélien et traite 70% des exportations en produits frais des colonies illégales installées en Cisjordanie.
Une majorité de leurs produits viennent de la Vallée du Jourdain.
Carmel Agrexco est capable d’acheminer ses produits de ses usines d’emballage dans la vallée aux marchés européens en 24 heures et possède des centres de distribution dans la majorité des pays européens. Ils distribuent leurs produits da&ns la plupart des grandes chaines de supermarchés en Grande Bretagne (ndt, en France, en Suisse, ect..), mais tout comme la Vallée du Jourdain, leur nom n’est pas très connu.
Une boîte de tomates s’achete à Carmel Agrexco au prix de la souffrance de la population palestinienne de la Vallée du Jourdain.
Depuis 1967, Israel cherche à établir des colonies dans la vallée et à priver les Palestiniens d’accès à la terre.
En 2006, 6 400 colons vivent dans 13 colonies illégales dans la vallée où vivent 52 000 Palesrtiniens. 95% de la terre est contrôlé par les colons qui contrôlent également 98% de l’eau.
Les 52 000 Palestiniens vivent dans 36 villages qui ne sont pas autorisés à s’agrandir.
Dans les secteurs contrôlés par les Israéliens, la construction de nouvelles structures n’est pas autorisée et les réparations sur les structures existantes sont également interdites.
Ces règlementations de construction sont renforcées par les démolitions de structures que l’IDF considère comme ’illégale’.
L’agriculture dans la vallée est étranglée par l’expansion des colonies et par le fait que tous les produits palestiniens cultivés dans la vallée doivent passer par le checkpoint de Tayasir pour accéder aux marchés du reste de la Palestine.
Les fermiers doivent payer des intermédiaires pour emmener leur produit jusqu’au checkpoint où ils sont soumis aux fouilles humiliantes de l’IDF, et transfèrer les marchandises dans un autre véhicule de l’autre côté du checkpoint pour les transporter jusqu’aux marchés.
Toute cette opération prend huit heures ou plus et entraîne une réduction des bénéfices pour les fermiers, rendant leur travail à peine viable financièrement.
La seule autre alternative, c’est de travailler en tant qu’ouvrier occasionnel à la journée, sans contrat pour en moyenne 40 à 50 shekels (7 à 9 Euros) par jour, dans l’une des colonies illégales installées sur la terre volée aux Palestiniens.
Carmel Agrexco a révélé au cours d’un procès en Grande-Bretagne qu’il avait des usines d’emballage dans les colonies illégales israéliennes de Mekhora, de Mehola, d’Argaman, de Ro’I, d’Hamra, de Gaddid et de Bet Ha Arava situées dans la Vallée du Jourdain. Ces colonies font fortune aux dépens de la souffrance de la population palestinienne locale.
Une campagne internationale est nécessaire pour défier Carmel Agrexco et pour prouver que la communauté internationale n’acceptera pas le nettoyage ethnique dans la vallée.
ISM, Tubas, Palestine, 23 avril 2006